Depuis le fond des âges, les instruments à percussion ont accompagné l'homme dans sa musique, dans sa danse et dans ses rituels. En Occident, ils se sont intégrés graduellement à l'orchestre et ont formé une section de plus en plus imposante. Au fil du temps, le rôle a évolué et l'effectif s'est accru. Des instruments plus "exotiques", c'est-à-dire venant de cultures non occidentales, se sont ajoutés aux percussions traditionnelles, formant ainsi une source d'inspiration plus importante pour les compositeurs.

 

C'est la timbale qui semble à l'origine de l'utilisation de la percussion dans la musique occidentale. Déjà durant l'Antiquité, on associait souvent cet instrument guerrier aux trompettes pour en renforcer l'éclat. Plus tard, elle tiendra une place de choix dans les musiques royales, les musiques de cour et même dans la musique religieuse de Bach ou de Händel. C'est vraiment à la période romantique que la timbale trouve sa vraie personnalité : on lui octroie le titre d'instrument de musique. Les œuvres de Beethoven, de Brahms, de Tchaïkovsky, de Wagner et surtout de Berlioz témoignent de cette évolution. Par exemple, l'emploi des timbales chez Beethoven sert avant tout à imposer le rythme à l'orchestre, à conclure un accord ou à attaquer en solo une phrase rythmique, alors que Brahms insiste plutôt sur la couleur des sons. La timbale sert parfois de soutien aux instruments solistes de l'orchestre.

 

Au Moyen Âge et à la Renaissance, les percussions jouent en général un rôle secondaire dans la musique instrumentale profane. Ce rôle changera petit à petit, de sorte qu'au XIIe siècle, elles seront vouées à la musique militaire, où on la marie aux timbales et aux trompettes.

 

La section des percussions évolue selon les époques. Ainsi, Haydn et Mozart utilisent certains accessoires (grelots, crécelle et petit tambour) alors que Beethoven utilise les percussions de façon plus précise dans certaines symphonies (grosse caisse, cymbales frappées et triangle). Il va même pousser plus loin l'utilisation de la percussion dans La Bataille de Vittoria, écrite en 1813. Cette œuvre incarne l'une des premières expériences "spatiales" où les percussions sont divisées en deux groupes placés de chaque côté du grand orchestre.

 

Le début des rôles importants : L'importance des percussions depuis la moitié du XIXe siècle évolue nettement et atteint un rôle de premier plan durant le dernier tiers du XXe siècle. Depuis Berlioz, son impact est considérable. Ce dernier crée un orchestre de percussions à l'intérieur du grand orchestre symphonique : il écrit pour deux timbaliers utilisant au moins huit timbales dans la plupart de ses œuvres. Dans son Requiem (1837), Berlioz dispose de 8 timbaliers pour 16 timbales. La Symphonie fantastique (1830) en impose davantage avec deux grosses caisses, des cymbales frappées ou suspendues, des tambours militaires, quatre timbales et deux cloches d'église.

 

Mis à part Berlioz, c'est surtout hors de France que sera approfondi l'usage des percussions, plus particulièrement avec Rimski-Korsakov (Russie) et Manuel de Falla (Espagne). La caisse claire, le tambour militaire, la cymbale suspendue ou frappée, les castagnettes, le tambour de basque, les cloches tubulaires, le xylophone et le glockenspiel s'ajoutent alors à la section des percussions. Cette nouvelle expansion devient un développement majeur dans l'orchestre du XXe siècle. Il sera nourri par la recherche de la couleur et de la texture (La Mer de Debussy; Don Quichotte et Symphonie alpestre de R. Strauss) et demande un élargissement particulier de la section des percussions. Par exemple, Parade de Satie (1913) fait usage d'une variété d'effets sonores qui nécessitent entre autres des sirènes, des coups de pistolets et une machine à écrire.

 

Ainsi, le début du XXe siècle voit l'amplification de la section des percussions dans l'orchestre grâce à un intérêt marqué pour le rythme. Le rôle et l'importance de ce groupe ont évolué, de sorte qu'elle est passée d'un rôle effacé et secondaire à celui de premier plan. Autrefois, le rôle de la percussion se limitait à des appuis ponctuels, comme le renforcement de l'accent, une touche d'exotisme, l'ajout d'une couleur particulière, etc. Elle se définissait donc selon l'effet à rendre à un moment précis. Ensuite, la percussion a été utilisée au milieu de la masse orchestrale pour créer des textures impressionnistes et rendre la sonorité plus complexe, moins limpide. Les Viennois aussi ont exploré des textures toujours plus originales pour la percussion. Ils ont superposé des figures comme les trémolos ou les trilles afin d'étudier les diverses possibilités poétiques (Cinq Pièces pour orchestre, op. 10, 3e mouvement, de Webern et la première des Trois Pièces pour orchestre, op. 6, de Berg).

 

De plus, d'autres facteurs influents s'ajoutent à ce contexte du début du XXe siècle. D'abord, le bruit en tant qu'élément de l'environnement fascine et inspire de nouveaux paysages sonores. Ici, la percussion semble être l'instrument idéal pour évoquer ces manifestations bruitistes. Aussi, la connaissance de la musique extra-européenne engendre un intérêt poussé pour le rythme et donne une nouvelle dimension aux compositions pour percussions. Les fondements de cette nouvelle musique se trouvent chez Stravinsky, Debussy, Bartók et, surtout, Varèse. Ces compositeurs donnent une nouvelle importance à la percussion dans l'orchestre. Par exemple, dans l'instrumentation du Sacre du Printemps de Stravinski, la section des percussions se retrouve au premier plan tout au long de la pièce. Parallèlement, la montée de la danse latine dans les années 1930 fait connaître de nouveaux instruments qui s'ajouteront à l'effectif orchestral.

 

L'apport des Amériques : Pendant la Première Guerre mondiale, l'Europe découvre l'orchestre jazz américain. Ce dernier produira une grande impression sur certains compositeurs (Stravinsky, Milhaud, Ravel...). La batterie jazz présente un concept nouveau en introduisant une diversité de timbres joués en même temps par un seul instrumentiste, alors qu'à l'orchestre symphonique un percussionniste était limité à un instrument. Après 1945, une approche plus générale de la percussion a remplacé la spécialisation à un seul instrument. Ce changement se réalise grâce à l'ouverture dans le monde entier de cours de percussions intégrés dans les conservatoires : elle est reconnue comme une discipline légitime. En formant des instrumentistes capables de jouer de toutes les percussions, ces écoles ont permis à la "percussion multiple" de voir le jour.

 

Cependant, Varèse avait déjà exploité cette idée. En composant Ionisation en 1930, il a créé la première pièce exclusivement pour percussions, un ensemble de 13 exécutants jouant de 37 instruments, dont quelques-uns sont empruntés aux musiques jazz et latine américaines. Avec cette œuvre, la perspective d'un répertoire strictement réservé à un ensemble de percussions ou à une percussion solo était née. John Cage, Lou Harrison et Carlos Chávez exploreront eux aussi les diverses possibilités d'un tel ensemble. Chez eux, la couleur, la texture et le rythme sont développés à un niveau très complexe.

 

Depuis plusieurs siècles, la section des percussions n'a cessé de s'agrandir et de s'épanouir. Au cours du XXe siècle, elle s'enrichit de nombreux instruments et la liste des œuvres qui lui sont consacrées ne cesse de s'allonger. On peut affirmer aujourd'hui que la famille des percussions fait vraiment partie intégrante de l'orchestre, au même titre que celles des cordes et des vents.

 

La famille des percussions est composée d’instruments très variés. 

On peut y trouver des sous-familles classées de deux façons :

- les instruments à sons déterminés, ceux qui peuvent jouer des sons précis (timbales, métallophone, marimba …)

- les instruments à sons indéterminés, ceux qui créent des rythmes sans que l’on ne reconnaisse une hauteur de son (grosse caisse, cymbales, triangle …)

Ou alors, on les classe selon leur matériau de base :

- les peaux : les timbales, la grosse caisse, la caisse claire, les bongos…

- les métaux : les cymbales, le triangle, le gong, les cloches…

- les bois : le wood-block, les claves, le guiro, le temple-block…

- les claviers et lames sonores : le célesta, le xylophone, le métallophone, le vibraphone, le glockenspiel, le marimba…

 

Ceux qui sont le plus fréquemment en place, situés à l’arrière de l’orchestre ce sont les timbales. Trois à quatre timbales, accordées chacune sur une note différente, sont frappées par des mailloches. On en reconnaît souvent les roulements et l’on admire le jeu de baguettes du timbalier.

A ses côtés se trouvent, le gong, la grosse caisse, les cymbales, la caisse claire, le triangle.

Du coup de tonnerre de la grosse caisse au tintement des clochettes, du roulement du tam-tam à la note nette du triangle, les percussions produisent une infinité de sons.

Comme les trompettes dans le groupe des cuivres, les timbales étaient des instruments militaires (de cavalerie), servant lors des batailles, comme les trompettes, à transmettre les ordres. Aujourd'hui, un orchestre symphonique comprend trois timbales.

 

() Les Douze tons - Pierre Gabaye (1930-2000)

 

La partition Les douze tons, écrite pour piano, harpe et percussions, forme une sorte de divertissement, dont le but est de faire découvrir l'étrange et amusant petit peuple qui réunit tous les instruments à percussion et les accessoires. 
Pourquoi ce titre ? Simplement parce que la partition se divise en douze mouvements courts et que chacun possède sa tonalité bien précise. 
Destinée à un jeune public, cette récréation musicale vise avant tout la clarté, la simplicité, la fraîcheur afin que la multiplicité des timbres de la percussion ne soit pas noyée dans un univers sonore agressif.

(♫) 1er mouvement : Présentation. Il s'agit de la présentation des timbales que nous entendons dans des nuances pianissimo et piano dans les deux solos forte et fortissimo dans les passages accompagnés.

 

(♫) 2ème mouvement : Le rapprochement timbales-cymbales. Ce mouvement nous introduit dans la famille des cymbales (cymbales frappées et cymbales suspendues). A remarquer que les trois dernières mesures nous permettent d'entendre la sonorité claire et argentine de crotales(petites cymbalettes) qui répondent trois fois à la harpe.

 

(♫) 3ème mouvement : Les rythmes argentins. Nous nous rendons à présent en Amérique du Sud qui nous fait connaître ses tumbas et ses tubos successivement. La percussion comprend une cymbale suspendue, les tumbas, deux caisses claires (avec et sans timbre), le tambour militaire.

 

(♫) 4ème mouvement : La lagune le soir. Laissons-nous bercer, au milieu des senteurs tropicales de l'Amérique latine, par le jeu de ces instruments formés de lames de bois que sont le marimba et le xylophone. Si vous tendez bien l'oreille vous percevrez à la fois le chant lointain d'un oiseau et le bruissement léger du vent dans le feuillage.

 

(♫) 5ème mouvement : Le cheval passe. Le morceau est précédé d'une courte introduction dont les trois premières mesures nous font entendre le temple-block. Cette introduction se termine par un claquement sec du fouet et de la grosse caisse puis, plus loin, grelots et sabots de chevalfont leur apparition. Le temple-block conclut seul

 

(♫) 6ème mouvement : Le charleston. Nous remontons vers le Nord, aux Etats-Unis où, grâce à la virtuosité des batteurs de jazz, le charleston faisait fureur dans la première moitié du XXe siècle. Batterie de jazzflexatone et wood-block sont mis en évidence. Tout ce morceau se déroule avec la complicité d'un piano désaccordé. Outre le flexatone, deux autres instruments inattendus font leur apparition : la planche à laver et la guimbarde.

 

(♫) 7ème mouvement : La berceuse. Après un mouvement vif, voici un mouvement lent. C'est une berceuse chantée par le célesta accompagné par le marimba et la harpe.

 

(♫) 8ème mouvement : L'espagnolade. Comme par enchantement, nous sommes revenus en Europe et plus exactement en Espagne, ce qui nous donne l'occasion de découvrir trois nouveaux instruments : les toms, les claves et un instrument bien étrange, le guiro (ou gratouillette) accomapgné par la cymbale suspendue et la caisse claire sans oublier les castagnettes.

 

(♫) 9ème mouvement : Les bruitages divers. Avant de poursuivre notre voyage musical, arrêtons-nous un instant pour écouter la sirène de bateau, le jazzo-flûte, le tam-tam et le tambour congolaistemple-block et wood-block interviennent aussi dans ce mouvement).

 

(♫) 10ème mouvement : La samba. Ce mouvement nous ramène en Amérique du Sus à l'occasion du carnaval brésilien de Rio de Janeiro, la samba est la reine des danses à laquelle, dès le début, le tubo donne le ton. Il est entouré de la batterie-jazz, des claves et des cloches de vache puis, plus tard, le piano reprend le thème. Ce mouvement s'enchaîne avec le suivant.

 

(♫) 11ème mouvement : Les cloches. Avec les cloches-tubes qui nous plongent dans une véritable atmosphère de fête, nous entendons deux autres instruments à sons déterminés : le vibraphone d'abord accompagné par les cloches puis par le glockenspiel à la sonorité plus aiguë.

 

(♫) 12ème mouvement : La Farandole. Le morceau final est introduit par deux gadgets sonores amusants que sont la crécelle et le réveille-matin auxquels font suite le tambourin, le tambour de basque, les temple-blocks. Une trompe d'auto fait entendre quelques "couac" avant que letambour de basque, le tambourin, le piano et le glockenspiel ne nous entraînent dans une farandole étourdissante de vie et de rythme.

 

 

 

 

 

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Tumbas = congas

 

 

 

Les Bongos : C'est un ensemble de deux petits tambours à une peau,

de tailles inégales et reliés par un système métallique.

 

Le nom espagnol du plus petit des deux, au son le plus aiguë, est "macho" - homme. Le plus grand, au son plus grave, est appelé "hembra" - femme. Les bongoceros (joueurs de bongos) placent l'instrument entre leurs genoux et, en général, en jouant avec le bout des doigts. Les bongos sont des instruments cubains typiques et, avec le conga, probablement les percussions les plus connues au monde.

 

 

 

 

Cabasa

 

 

 

Guiro

 

 

 

Sanza ou piano pouces ou xylophone à doigts